Niokokro, le 17 août 1994

Cher toi,

Pris un bon bain ce matin dans la piscine déserte, seul un oiseau m’accompagnait de son chant monotone puis petit déjeuner où j’ai retrouvé mon ami l’ambassadeur d’Algérie, Mustapha. Nous avons discuté des derniers détails de mon grand projet et nous allons organiser une première résidence d’artistes du Mambo en Algérie dans une ancienne maison coloniale qui domine Alger. Un concours est organisé, nous n’avons pas encore trouvé le thème. On en discutera avec les artistes. Le nom du projet c’est tout simplement Art in Africa. Grâce au don d’Irène Martin Duchaussoy, nous avons pu louer un bureau et engagé un attaché de presse. Les choses prennent tournure.

Je me rappelle mes débuts de journaliste dans un grand journal du soir. J’étais à la page culturelle , déjà. Cela ne m’a pas plu, j’avais l’impression d’un univers étriqué, replié sur Paris. J’avais envie de leur crier, mais il y a le monde entier à découvrir !

J’ai fini mon reportage sur la cabane d’Irène, je n’en suis pas mécontente. Cette grande dame m’impressionne. Je me demande juste si je ne suis pas un coup de cœur sans lendemain pour cette femme richissime… Ne pas trop dépendre d’elle… Je sens beaucoup plus fiable l’aide de Mustapha. C’est lui qui m’a sauvée quand l’hôtel a été attaqué…

L’Okambo se porte bien, il est plein. C’est vraiment un plaisir pour moi que de tenir un hôtel en Afrique ! Je vais aller m’occuper du déjeuner, je tiens à tout surveiller moi-même bien que je fasse pleine confiance à Abdou, mon fidèle second.

2 heures du matin

J’ai retrouvé une vieille photo de Dakar où nous sommes tous là, nous les enfants. Je porte une de ces robes que faisaient ma mère, tissu liberty et petit col. J’adorais me sentir libre avec juste ma robe, ma culotte et mes sandales. Quelle ne fut pas ma déconvenue lorsque je suis rentrée en France, il fallait mettre un manteau, des gants, des chaussettes !

J’ai d’ailleurs toujours eu un problème avec les collants, j’ai décidé de ne jamais en mettre et de rester en pantalon ! Je ne mets de robe que l’été et encore !

Ici je m’habille bien, c’est important. Les africains y sont très sensibles et attachent un grand prix à l’élégance. J’ai trouvé une petite couturière qui me fait de belles robes.

Dans mon atelier, je développe mes photos, c’est une vraie passion. Ma série sur les enfants avance, je crois même avoir trouvé un éditeur.

Tu es rentré de vacances et tu t’ennuies de moi ? Moi aussi. Viens vite mon amour, je suis perdue sans toi. Tu vas vite venir, si tu démissionnais pour venir me seconder à l’hôtel ? Ce n’est pas une idée en l’air ! Tu me dis avoir tout vu de ton métier, d’en être fatigué. Pourquoi pas l’aventure du Mambo ?

Le sang, ruisseau de feu, bouillonne dans le corps

Et la vierge soudain, haletante et muette,

s’offre toute à l’amour plus puissant que la mort.

Josette Friggioti

Passe une bonne nuit, Didier,

Ta Nadine.

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