Documentaire Brest-Alger

Écrire un film

Mon arrivée dans le cinéma s’est faite tout à fait par hasard. 2006 fut l’année de l’Algérie. Pour agir, j’ai lancé l’idée d’organiser des rencontres de femmes sur l’Algérie au sein de l’association féministe brestoise Rien Sans Elles. Ce fut un succès et nous avons accueilli tous les mercredis après-midi des femmes de tous horizons qui avaient envie de parler de l’exil. Nous avons ainsi eu des rapatriées d’Algérie, des femmes dont le père ou le grand-père étaient algériens, ou des immigrées. J’étais là, je les interviewais et je vibrais. Je retrouvais mes impressions d’enfance du Maroc où j’ai vécu enfant. La Bretagne et l’Afrique du Nord, deux passions. Nous devions faire un livre de ces moments de grâce mais rien ne venait avec l’association et je restais là avec mon envie…

L’été suivant, je fais du vélo et je rencontre à Kersaint un ami peintre. Il me demande ce que je deviens. Je lui parle de mon envie de faire quelque chose avec mes interviews. Il me dit d’envoyer deux pages à un producteur qu’il connaissait. J’écris mes deux pages, j’envoie. Pas de réponse et tout à coup un coup de fil. Cela intéresse Olivier Bourbeillon. Il me dit d’écrire un scénario. Je lui réponds que je n’en ai jamais écrit. Qu’à cela ne tienne, il m’en envoie un, je regarde comment c’est fait. Je lis, je réfléchis et je lis un livre anglais sur les documentaires. J’écris le scénario, je fais des photos noir et blanc de mes femmes. Il est d’accord pour tourner ! Il me dira plus tard qu’il a choisi mon scénario grâce aux photos. Tout cela ne s’est pas fait en un jour. J’ai appris une chose, dans le cinéma, il faut être déterminé et aimer son sujet car il faut des années pour que tout soit réalisé.

Olivier fut un très bon producteur. Il avait une façon de m’accompagner en me laissant une paix royale. Quand j’étais bloquée, il me disait quelques phrases, cela me débloquait et je repartais de l’avant.

Mes choix

Pour faire le film, j’ai choisi plusieurs axes. Tout d’abord pas d’interview genre documentaire, mais des photos avec les voix off des femmes. Ce qui vit est immobile et les rues, le port, bougent.

Le film est construit en deux parties, l’une, des vues de Brest au soleil, de ce Brest qui ressemble parfois à Alger, avec une lumière extraordinaire. Ce Brest rappellerait plutôt Casablanca car je ne connais pas l’Algérie. Je ne voulais pas de photos d’archives, je déteste ça. L’autre partie, c’est Brest, la pluie et les couleurs tristes. Nous avons eu du mal à la tourner, car il faisait toujours beau !

Un tournage idéal

Olivier m’a laissée seule avec l’équipe qu’il avait choisie et tout s’est bien déroulé. J’ai beaucoup appris lors de ces journées intenses. J’avais tout écrit et comme cela je pouvais improviser, je savais où j’allais. Nous avons beaucoup travaillé le son avec Henri et passé beaucoup de temps ensemble, j’ai compris l’importance du travail en amont. Les photographies étaient très belles, Frédérique la photographe étant elle-même une rapatriée d’Algérie ! Nicolas le cadreur m’a fait énormément plaisir car en m’attadant il avait filmé le lever de soleil sur Brest car, m’a-t-il dit en riant, il était entré dans mon délire ! Puis avec Julien nous avons monté ensemble ce film atypique, ce fut une belle expérience. Enfin, Christophe est parti de la chanson de Charles Trenet, La mer, pour composer la musique originale.

Un excellent accueil

Quand tout fut terminé, nous avons organisé une présentation du film, en exclusivité, dans le kebab d’un ami. Ce fut intense. J’avais tellement peur de décevoir mes femmes. Quand ce fut terminé, il y eut un grand silence, une communion. Elles ont été conquises, elles ont trouvé que j’avais bien exprimé ce qu’elles ressentaient… Soulagement intense et fatigue…

le film fut peu montré et je trouve qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans la diffusion. Rien n’est vraiment organisé et les films, ces films qui ont donné tant de mal à réaliser, dorment dans les tiroirs.

Avec : Danièle Belbarhi, Karine Seban, Frédéric Chlousducharme, Zeloubkha Boudarel, Arachia Khelouia, Saïdi Benbakir, Yvonne Bounif Lagadec, Brigitte L’helgouac’h

Réalisation : Toinon Maguerez
Année : 2006
Durée : 14’10
Production : Paris-Brest Productions/TV Rennes
Format de diffusion : DV Cam / DVD

Image : Nicolas Le Borgne
Son : Henri Puizillout
Montage : Julien Cadilhac
Musique : Christophe Rocher

Partenaires : CNC, Région Bretagne, Ville de Brest

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