Windhoek le 25 août 1994

Cher toi

Windhoek est une ville très agréable, très verte. Mais Windhoek a un goût amer : tu m’as annoncé à Paris que tu me quittais.

Tu n’aimes pas l’Afrique et ta décision est prise : tu ne viendras pas à Niokokro.

J’ai peur, j’ai mal, je suis seule. Tu n’es plus là, tu m’as trahie, tu en aimes une autre que tu as également rencontrée dans un site de rencontres.

Elle habite Paris, elle est plus jeune que moi, plus jolie ? Qu’importe, tu pars. Tu me quittes et me revoilà seule.

C’est la dernière lettre que je t’écris, n’aie crainte, je ne t »importunerai plus.

Je fais juste escale à Paris, je ne te verrai plus, c’est fini.

Je vais rentrer dans mon hôtel, seule. Plus de ces moments bénis où, sur mon petit bureau, près de la fenêtre ombragée par un énorme fromager, je prenais du temps pour être avec toi.

Tu ne peux pas vivre ainsi, avec une femme qui n’est pas là. Tu apprécies mes lettres mais elles ne comblent pas le vide que tu ressens, le soir, dans ton salon, seul. Tu as besoin d’une présence féminine, pas d’une ombre.

Tu seras triste, un peu. Mais Chantal comblera vite mon absence, à moi de me débrouiller avec ça. C’est si soudain, rien ne le laissait présager. Tu attendais ma venue pour me le dire de vive voix, pas par lettres. Je ne serais pas venue, combien de temps m’aurais-tu menti ? Tu manquais de courage, je paraissais si amoureuse…

Il me faut reprendre le fardeau de ma vie et m’éloigner, te laisser à ton bonheur. Je vais essayer de t’oublier, Didier, je t’aime, moi. Comment n’ai-je pas deviné ? Je mettais tes silences sur le compte de ta pudeur… j’avais confiance en toi, j’avais confiance en nous . Mais tout est fini et j’arrête là.

Adieu Didier.

Un dernier poème :

De Charles Péguy, la Jeune Parque

Qui pleure là, sinon le vent simple, à cette heure

Seule avec diamants extrêmes ?… Mais qui pleure,

Si proche de moi-même au moment de pleurer ?

Celle qui fut ta Nadine.