Il fait très beau aujourd’hui, dans le quartier de St Martin, je passe devant son église du 19ème qui domine les lieux. Une senteur de tilleul flotte dans l’ombre rafraîchissante des grands arbres. Tout est calme en cette matinée ensoleillée. Je revois mon ancien quartier avec plaisir, le marché est tout près, animé comme à l’accoutumée.
Arrive la rue Massillon qui conduit à la place Guérin. Au 17, une simple plaque prévient les passants qu’ici est né Victor Segalen en 1878. Je l’imagine avec sa mère aller au marché ou à l’église. Sur la plaque, ces mots qui, pour lui, définissent tout ; « Je naquis, le reste en découle… « C’est le début de l’Essai sur Soi-même, une des plus courtes autobiographies de la littérature française.
Victor Segalen… C’est le nom de l’Université de Lettres de Brest. Ce médecin de la marine, si peu militaire, a beaucoup voyagé. Il est allé en Polynésie où il a écrit Les Immémoriaux. Il a recueilli la succession de Paul Gauguin et, dans son Essai sur l’Exotisme, il explique que, pour un Tahitien, c’est nous qui sommes exotiques.
Ensuite, ce fut la Chine et les poésies inspirées par les stèles, qui, dans la Chine impériale, servaient de poteaux indicateurs.
Victor Segalen eut une mort mystérieuse, en 1919. Installé à l’hôtel, au Huelgoat, il a pris son panier de pique-nique pour travailler toute la journée. On l’a retrouvé mort le long du chemin. Suicide, faiblesse générale, dégoût de la vie qui ne correspondait plus à ce qu’il en attendait ? On ne le saura jamais.
« Libère en moi-même, ô Prince qui es moi, tous les
Beaux prisonniers-désirs aux geôles
Arbitraires, et qu’en grâce et retour,
Tombent sur mon Empire les gouttes larges de la
Satisfaction.
Victor Segalen – Libération- stèles du Milieu
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